La révélation la plus importante de l'affaire "
BLAST
" (nouveau média créé par Denis Robert, soutien essentiel de Crépuscule, et que Maxime Renahy, qui en était le premier salarié et chef du service d'enquête, vient de quitter en dénonçant une
tentative de mise sous tutelle par un millionaire), c'est que la candidature d'Arnaud Montebourg est secrètement appuyée par les puissances de l'argent, en l'occurence le quasi-milliardaire
Hervé Vinciguerra, dont la fortune, faite dans les milieux financiers et placée dans des paradis fiscaux, provient entre autres de la vente pour plus de cent millions d'euros de vignobles à
un certain... Bernard Arnault.
Selon Maxime Renahy, cette personne, en échange de son soutien financier (accepté, c'est avéré) à Blast, a demandé à ce que ses enquêtes soient orientées contre les adversaires d'Arnaud
Montebourg (Anne Hidalgo et Patrick Drahi) et en faveur des intérêts de ce dernier.
La véracité de ces faits me semble hors de doute, comme l'ensemble du récit de
Maxime Renahy
, pour une raison très simple.
Lorsque je finalisais Crépuscule, Arnaud Montebourg m'avait reçu et parlé d'un "mystérieux bienfaiteur" qui l'appuyait discrètement et qui, me disait-il dans ses luxueux bureaux avenue de
l'Opéra, était prêt à me financer, en tant qu'avocat, à hauteur de 100.000 euros, pour que je "détruise" Drahi par tous les moyens légaux disponibles.
Cette proposition venait après qu'il se soit longuement enquis de ma situation financière, jouant de ma situation précaire, et qu'il m'ait indiqué que le dit bienfaiteur, venant des milieux
de la haute finance, était "de son côté".
Il ne m'avait pas donné le nom de la personne concernée.
100.000 euros. Je refusais. Et le rendais public, tremblant de ce qui venait de se passer.
Aujourd'hui, ce que dit Maxime Renahy recoupe point par point ce que j'ai vécu, et apparaît comme une bombe en rapport avec la propulsion récente tentée par Arnaud Montebourg dans l'espace
politique et médiatique, dans la perspective de 2022.
Ainsi, secrètement, de puissants hommes cherchent par l'argent à abattre ses ennemis et lui ouvrir la voie, investissant en avocats et médias, cherchant à influencer des journalistes et de
les rendre complices d'une aventure qui ne devrait en rien les concerner. Où commence et où s'arrête ce soutien ? Qui d'autre en bénéficie ? Ses activités entrepreneuriales sont-elles
concernées ? Et surtout: qu'est-ce qui en retour sera octroyé ?
Cette information est de première importance, et puisque Blast était visiblement au courant, la rédaction aurait dû, en tant que média indépendant, immédiatement enquêter sur le sujet, plutôt
que d'accepter de négocier les conditions du soutien qui lui était proposé, soutien qui fut, au surplus, finalement accepté.
Car quel scoop était là tenu ! Et au contraire, quel risque pour l'indépendance de la rédaction que d'accepter de taire cette information, plus encore que de prendre les fonds qui lui étaient
proposés !
Le reste des éléments du récit de Maxime Réhany, après vérification, et dans l'attente de ce que les uns et les autres auront à ajouter, semble à ce stade conforme sur l'ensemble des points
énoncés : il était bien membre fondateur et associé de Blast depuis novembre, la chronologie qu'il énonce semble correspondre aux documents officiels, les statuts de l'organisation, prévoient
bien un écart de 1 à 10 dans les salaires, etc.
Il est toujours difficile de sortir du rang et de dire la vérité. Le premier réflexe de ceux que vous dénoncez est de remettre en question votre intégrité, vos intentions, et de vous dénigrer
en tant qu'individu. Ce sont des méthodes sales et insupportables, car ces éléments ne devraient jamais entrer en compte dans l'étude des faits dénoncés.
Il est violent, pour tous ceux qui participent ou croient à ce projet, qui encore une fois, repose sur des personnes qui me sont chères, que ce soit Denis Robert ou Florent Massot -
co-éditeur de Crépuscule - de voir ses promoteurs, mis face à une difficulté, utiliser ces techniques pour s'attaquer à un lanceur d'alerte avec une véhémence insupportable, tentant de noyer
le poisson, au lieu de s'expliquer sincèrement, mettre en place des barrières permettant de se protéger de ce type d'intromissions, et d'offrir ainsi des garanties aux milliers de
contributeurs qui leur ont permis de lever plus de 800.000 euros en un temps record, et qui attendent leurs explications.
Ne pas le faire, c'est non seulement s'exposer à apparaître comme le vaisseau d'une candidature future, de gauche, ayant besoin d'une plateforme pour relayer ses idées.
C'est surtout montrer que l'on est prêt à effacer un certain nombre d'informations pour peu qu'en retour des ressources en soient tirées, et dès lors prendre le risque de rompre le pacte de
confiance qui lie l'institutions aux personnes qui, de bonne foi, l'ont aidée.
Ne pas avoir vu à quel point il était d'importance de rendre public le fait qu'un potentiel futur candidat de la gauche à la présidentielle s'appuyait, pour préparer sa candidature, sur des
relais financiers, prêts à investir le marché de l'information pour les soutenir de façon masquée, et s'être montré au contraire prêt à participer, dans le meilleur des cas, à un jeu de dupes
à ce sujet, sans transparence, n'est pas acceptable.
Blast n'a pas le droit, enfin, de s'attaquer à une personne, qui plus celui qui fut son co-fondateur et premier salarié, en utilisant les termes qui ont été utilisés, quelles que soient les
circonstances, et a fortiori lorsque la dite personne a eu le courage, plutôt que de balancer en douce, d'exposer publiquement les faits que Blast aurait dû de lui même révéler, avant de les
expliquer.
L'enfant qui est en train de naître, le père et la mère doivent en préserver la beauté.
Montrez votre intégrité. Dites la vérité. Refusez les fonds. Enquêtez sur ce "bienfaiteur" ainsi que sur le candidat qu'il voulait soutenir. Montrez, en disant la vérité sur ces êtres, ce que
tout cela dit de l'état de notre "démocratie".
A savoir qu'il est impossible aujourd'hui de se présenter à une élection présidentielle en France sans que des puissances financières, capables d'acheter des médias amis, ne soient à votre
côté. A savoir que le système médiatique rend chaque média vulnérable à de telles tentatives d'intromission.
Sans rentrer dans la dénonciation stérile de tel ou tel individu, qui ne ferait que repousser la difficulté, utilisez cette affaire pour montrer les difficultés auxquels tous, de bonne ou de
mauvaise foi, sont aujourd'hui confrontés lorsqu'ils tentent, honnêtement de s'engager.
Créez des mécanismes qui empêcheront toute corruption, et surveilleront chacune de vos contributions.
Et surtout, cessez d'utiliser les techniques de communication éculées qui, longtemps, furent contre nous utilisées.
Votre premier salarié vient de vous claquer la porte au nez. Et il vient de le faire en rendant public ce qui aurait dû être votre premier scoop, le genre d'informations pour lesquelles des
milliers de personnes ont décidé de vous appuyer. Il est impossible de prétendre que ce n'est pas un sujet. Vous n'avez pas le droit de vous défiler.
Lutter, ce n'est pas croire en la fable d'un espace politique où il serait possible, en mimant les techniques de ceux à qui on s'oppose, de "gagner".
C'est sans relâche, et en s'accrochant au combat qui nous a fait nous rencontrer, tout faire pour ne pas leur ressembler.
Je n'oublierai jamais ce que cela fait de se trouver seul, lorsque l'on dénonce une institution qui s'apprête à vriller.
C'est le fait d'avoir connu cette épreuve commune, Denis, qui nous a fait nous rencontrer. C'est le fait d'avoir connu cette épreuve qui me fait aujourd'hui écrire pour défendre celui qui
vient, à son tour, de se lever.
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